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Bouts de Plume
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16 janvier 2008

Mercredi 16 janvier 2008

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J'ai fait l'erreur d'oublier mon livre à l'appart. Pas possible d'aller le rechercher : il pleuvait des cordes, j'étais déjà trempée et si je loupais mon bus, j'allais être une nouvelle fois en retard. Cet oubli n'est aucunement la cause de mon mal-être de ce soir : je ne suis pas au mieux de ma forme, ce monde m'angoisse plus que d'habitude en ce moment, et là, par manque de chance, par étourderie de ma part, j'oublie mon livre, mon pare-angoisse. Par chance, par contre, j'avais tout de même mon baladeur MP3, avec suffisamment de batterie pour m'accompagner assez longtemps. C'est donc musique aux oreilles que, dans le bus, j'observai plus ou moins directement toutes ces personnes autour de moi. Il y avait ces trois adolescentes. Probablement 16 ans. A cet âge où l'on rit et parle fort afin de se faire remarquer, afin – si de jeunes hommes ne sont loin – de séduire. A 16 ans elles découvrent quelles sont leurs armes en tant que femmes. Elles s'en servent néanmoins très mal, à être trop voyantes, pas assez discrètes. Je me demandais, à les observer, si j'avais été comme elles. Je n'avais été de ces filles plutôt exubérantes. Mais à y réfléchir, je ne savais plus trop quelle adolescente j'avais été. Cela m'était arrivé de rire fort dans un lieu public et je savais, alors même que je le faisais, que c'était dans le but qu'un regard se porte sur moi. Je crois que ça nous est tous arrivé, d'adopter un tel comportement, homme ou femme. D'ailleurs, à ma droite, se trouvaient deux adolescents. Je n'ai pu trop faire attention mais il me semble cependant qu'ils avaient très probablement le même âge que les trois filles. Et eux également parlaient et riaient fort. La situation était relativement simple : se trouvaient dans le bus trois jeunes filles et deux jeunes hommes sensiblement du même âge. Chacun parlait et riait fort, entrait dans un jeu de séduction. Le but était de se faire remarquer par le sexe opposé, d'attirer le regard. C'était un jeu adolescent, ou plutôt c'était la manière dont était mené le jeu qui était adolescente. Ce besoin de plaire n'est pas humain : ses racines sont bien plus profondes, animales, primitives. Dans le même bus, se trouvait également une femme. La quarantaine, cheveux longs, fausse blonde dont on voyait les racines brunes, 15 kilos en trop. Elle aussi avait tenté de séduire, mais elle semblait désormais résignée : elle était maintenant trop vieille, la génération suivante prenait sa place, découvrait ce qu'elle avait découvert 25 ans de cela. Elle était jolie. Sans ses quinze kilos, elle aurait probablement pu avoir davantage de succès, davantage d'amants. Elle avait eu 15 kilos en trop et, cependant, elle avait longtemps cru pouvoir avoir le même succès que les autres jeunes filles de son âge. Ça n'avait été le cas et aujourd'hui elle avait abdiqué. Elle s'était épuisée à trop y croire. Maintenant, elle avait laissé tomber, mais pas totalement : elle se maquillait encore et était habillée avec soin. A moins que ça n'était que dans le but de sauvegarder le peu d'amour-propre qui lui restait.

____J'ai découvert, descendant du bus, augmentant le son de mon baladeur MP3 afin de tenter d'effacer ce monde autour de moi, rentrant jusqu'à mon appart, qu'il était possible de pleurer sans verser de larmes. Ça donne un mal de tête atroce et les larmes forment en fait une énorme boule dans la gorge. Quelque chose d'ignoble. A suffoquer tellement cette boule est grosse. On peut pleurer sans verser de larmes et, indéniablement, c'est bien plus douloureux.
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Commentaires
B
j'aime laisser vagabonder mes yeux dans le train ou le métro, mais il est vrai que des fois cela ne me rend pas "joyeuse" ces regards fatigués, ces hommes ou femmes sans vie.....
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  • Des bouts de plume... Bouts de plume d'auteur et de ma propre plume. Mots étalés dans un cahier dont je livre quelques bouts ici. Doux contact de la plume sur le papier. Franchise des mots et faiblesse des maux.
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